Réchauffement climatique
Le déficit neigeux oblige les élus de montagne à réinventer les vacances d'hiver
publié le 29 mars 07
Les tendances du réchauffement climatique se confirmant, les élus de montagne
prennent les devants et proposent des solutions pour garantir la survie de leurs
stations. Dans les Pyrénées, où le déficit neigeux est le plus marqué, ils font
appel à la solidarité nationale.
Le bilan économique de certaines stations de montagne est sévère pour l'hiver
2006-2007, du fait de la tendance confirmée du déficit neigeux. Les stations
pyrénéennes font partie des plus touchées. De petites stations affichent jusqu'à
80% de perte de chiffre d'affaires en fin de saison. Dans d'autres, le recul est
plus modéré : entre 40 et 50%. Cette situation a conduit les élus pyrénéens à
lancer un appel à la solidarité nationale à l'occasion de la réunion organisée
par l'Association nationale des élus de la montagne (Anem) le 27 mars à
Villeneuve-de-Rivière (31). Les élus du massif des Pyrénées ont adopté une
motion appelant à la mise en place d'un fonds de solidarité étendu à l'ensemble
du personnel des stations, et notamment des travailleurs saisonniers employés en
régie directe. En outre, ils souhaitent que le gouvernement abonde un fonds
Neige à un niveau au moins équivalent à celui du système Nivalliance (assurance
mutualisée dont l'objectif est de couvrir les aléas d'exploitation des remontées
mécaniques). Ces propositions s'inscrivent dans la continuité de la réunion
interministérielle du 8 février dernier, reprises dans la circulaire du 28
février 2007 relative au dispositif d'intervention en faveur des collectivités
et entreprises affectées par les déficits neigeux.
Situation financière tendue
Selon les données fournies par le Syndicat national des téléphériques de France,
le nombre de journées skieurs enregistrées pendant les vacances d'hiver de
décembre et de février, est en recul de 11% par rapport à la saison 2005-2006.
Même si "la perception des stations concernant la saison 2006-2007 est plutôt
positive, les professionnels de la montagne constatent cependant une baisse
importante du pouvoir d'achat et un recul de la consommation dans les
restaurants et les commerces", a confirmé l'Association nationale des maires des
stations de montagne (ANMSM) dans un communiqué du 22 mars sur les "Tendances
touristiques - quatrième vague de l'observation nationale des stations de
montagne". L'ANMSM soulignait le succès des activités complémentaires au ski
"telles que les visites culturelles et surtout les promenades à pied", même si
le ski reste le moteur économique des stations de montagne. D'après le Memento
du tourisme édition 2006, 66,7% des personnes effectuant un séjour à la montagne
pratiquent les sports d'hiver et les vacances de février constituent
traditionnellement plus de la moitié du chiffre d'affaires des stations. Pour
cette raison, les stations s'équipent de plus en plus de canons à neige, ce qui
permet de pallier ponctuellement l'absence de poudreuse.
Les canons à neige en question
Aujourd'hui près de 190 stations - sur 300 en France - sont déjà équipées en
canons à neige. Ces équipements utilisent de l'eau issue des nappes
souterraines, du réseau d'eau potable, et même parfois des glaciers. De
nombreuses communes investissent dans des retenues collinaires pour assurer
l'approvisionnement en eau des canons (55% de l'alimentation). Aujourd'hui, 70
retenues d'altitude sont recensées dans les départements alpins et une vingtaine
sont en projet. Leur taille ne cesse d'augmenter : la station du Grand-Bornand
(74) vient ainsi de battre un record européen avec un nouveau bassin de 400.000
m3, soit 200 fois le volume d'une piscine olympique. Au total, la neige
artificielle consomme près de 15 millions de mètres cubes par hiver en France,
soit l'équivalent d'une ville de 170.000 habitants. Quelques conflits d'usage
commencent à émerger dans certains villages des Alpes, "château d'eau de
l'Europe". Au cours de la précédente saison, la mairie des Houches (74) a ainsi
demandé aux propriétaires de canons à neige de réduire leur débit pour ménager
un réseau d'eau potable vétuste et à faible rendement. Néanmoins, face à la
réalité climatique, les élus sont en majorité favorables à l'utilisation des
canons pour la "survie" économique des zones de montagne. Dans leur motion
adoptée le 27 mars, les élus pyrénéens ont d'ailleurs demandé au gouvernement un
crédit spécifique au financement de la neige de culture, "dès lors que les
conditions techniques et économiques, notamment, le permettent". Christian
Estrosi, ministre délégué à l'Aménagement du territoire, devait étudier ces
propositions.
Conseils des ministres
Responsabilité environnementale
La ministre de l’Ecologie et du Développement durable a présenté un projet de
loi relatif à la responsabilité environnementale.
Ce projet de loi transpose la directive 2004/35/CE du Parlement et du Conseil du
21 avril 2004 qui vise à prévenir, réparer ou compenser les dommages écologiques
graves causés à la qualité des eaux de surface et souterraines, à l’état des
sols ainsi qu’aux espèces et habitats naturels protégés.
Les exploitants qui se livrent à l’une des activités présentant des risques
particuliers que mentionne la directive devront prendre les mesures préventives
appropriées. En cas de dommage, il leur reviendra de prendre les mesures de
réparation permettant de retrouver l’état antérieur du milieu naturel.
Les mêmes obligations valent pour l’ensemble des activités, qu’elles soient ou
non à risque, lorsque sont en cause les espèces et les habitats naturels
protégés.
Ce nouveau régime de responsabilité, dont l’objet est de protéger l’intégrité du
milieu naturel en l’absence même de victime indemnisable, contribue à la mise en
œuvre des principes de prévention et de réparation inscrits dans la Charte de
l’environnement.
Par ailleurs, conformément à l’engagement pris par la France dans le domaine de
la lutte contre le changement climatique, le projet de loi comprend une
disposition visant à interdire, dans le cadre du plan national d’affectation des
quotas de CO2 approuvé par la Commission européenne le 26 mars 2007 pour la
période 2008-2012, l’utilisation des quotas de CO2 affectés mais non employés
durant la période précédente (2005-fin 2007).
Les dispositions de ce projet de loi témoignent du souci constant du
Gouvernement de mettre en oeuvre de façon effective la Charte de l’environnement
et de satisfaire complètement aux engagements communautaires de la France.
|